28/3/14 Midi du Librex : faut-il féminiser la langue?
Le masculin l’emporte sur le féminin, apprennent les enfants en chœur. Mais la règle est tout sauf neutre, et se vérifiera tout le long de leur vie, dans bien des domaines. Alors, faut-il commencer par féminiser la langue ? Autrement dit, faut-il agir sur les mots pour agir sur le réel? D’aucuns (et même d’aucunes) pensent que non. Que les vrais combats sont ailleurs. D’autres, dont Patricia Niedzwiecki, travaillent à enrayer des mécanismes bien plus pernicieux qu’on voudrait le croire. Rencontre avec l’auteure, e.a., du « Langage au féminin »…
Quoi ? Midi littéraire ; de réflexion et d’échanges
Quand ? le vendredi 28 mars 2014
Heure ? de 12h15 à 14h30
Où ? Maison de la Solidarité, 66 Coenraets, 1060 Bruxelles
PAF? 5 euros (lunch et boissons compris)
Merci de penser à réserver pour nous permettre de vous restaurer!
> vlacroix@centrelibrex.be ou 02/535 06 78
« Au commencement était le Verbe » : ainsi, le langage est à l’origine de l’édifice social. Il nomme les choses et les êtres, structure la pensée, détermine des codes de communication, renvoie des signes et des images, de soi et de l’autre, perpétue des imaginaires, et finalement contribue à fixer les relations sociales entre les individus…
Les mots ont un genre. Un genre qui n’est pas neutre, particulièrement dans la langue française. Un genre féminin et masculin qui, concernant les êtres vivants, concorde avec leur sexe. Les mots ont donc un sexe, notamment les noms de métiers et de professions : boulanger/boulangère, ouvrier/ouvrière, instituteur/institutrice, conteur/conteuse, etc. Sauf que certains de ces métiers, par hasard ceux qui gravitent dans les sphères du pouvoir, ont perdu leur capacité de se mettre au féminin. Comme s’ils étaient réservés aux hommes…
Dès notre plus jeune âge, le sexe des mots influence les individus et, insidieusement, les cantonne dans des rôles et des comportements. En apprenant à l’école la règle des accords, à savoir que le masculin l’emporte sur le féminin, les femmes ont intégré le fait qu’elles devaient s’effacer en présence d’un homme. Elles ont donc acquis deux niveaux de langage, celui qu’elles sont autorisées de parler entre elles et celui qu’elles doivent utiliser en dehors. De leur côté, les hommes ont acquis l’assurance que leur identité masculine se suffit à elle-même et qu’un seul d’entre eux peut s’imposer dans une assemblée de femmes…
Alors que notre société prône l’égalité entre les femmes et les hommes, le langage maintient un sexisme tenu, accepté par la plupart des femmes, y compris par certain-e-s féministes qui voient dans le combat de la féminisation des noms de métiers un combat d’arrière-garde. Où se situent véritablement les blocages ? au niveau politique ? culturel ? linguistique ? Chez les hommes ? chez les femmes ? Que faut-il entreprendre pour faire évoluer les mentalités et lutter contre les résistances ? Quelles sont les difficultés que l’on rencontre au niveau pratique pour féminiser une langue ? Est-ce que l’inscription dans la loi, la parité, la discrimination positive sont des moyens suffisants pour conduire à l’égalité ?
Le Centre régional du Libre Examen se propose d’apporter quelques réponses en invitant Patricia Niedzwiecki, spécialiste européenne de la féminisation de la langue.
Monique Chalude (sociologue, présidente honoraire d’Amazone asbl) et Dorothée Klein (ex-rédactrice en chef – cheffe ? – du Vif-L’Express) la questionneront sur son travail et son parcours.
Auteure réalisatrice et docteure en psycholinguistique, Patricia Niedzwiecki travaille sur la question de la féminisation en Belgique et en Europe. Parmi ses nombreux films, ouvrages, articles, enquêtes, recherche et essais, citons par exemple, en librairie, « Au féminin : code de féminisation à usage de la francophonie » et « Le langage au féminin ». Et le 30 décembre 2012 sortait le premier film d’une Collection intitulée « Le sexe des langues »…