20/03/18 | Le rôle des sociabilités numériques | Elie Guéraut

Se basant sur des résultats collectés dans le cadre d’une enquête ethnographique, le sociologue Elie Guéraut s’attardera sur les pratiques de sociabilité – en ligne et hors ligne – du « milieu culturel » d’une ville moyenne du centre de la France. Ce groupe social est aujourd’hui frappé par un processus de fragilisation lié au désengagement de l’Etat, dont la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques) est en France emblématique. Cette dynamique défavorable est à mettre en parallèle avec les formes de sociabilité observées ; au contraire de populations aux caractéristiques sociales proches qui valorisent dans les actes et/ou dans les discours l’altérité, par exemple les « gentrifieurs » du bas Montreuil (A. Collet) ou la « bourgeoisie progressiste » du South End à Boston (S. Tissot), le « pôle culturel » de l’espace local privilégie au contraire l’entre soi et manifeste publiquement son mépris social à l’égard des autres groupes. Si la fragilisation du groupe participe ainsi au renforcement de ses frontières sociales, les supports physiques et numériques de sociabilité ne sont pas investis semblablement: alors que les premiers le sont surtout pour fabriquer la cohésion du groupe, les deuxièmes sont davantage utilisés dans l’objectif d’attaquer ses adversaires sur le terrain des luttes symboliques.

Elie Guéraut est doctorant en sociologie à l’Université Paris Descartes, sous la direction d’Olivier Schwartz et de Nicolas Renahy, et ATER à l’Université de Nantes. Ses recherches portent sur le développement et les recompositions des professions culturelles, sur les mobilités résidentielles des jeunes, sur les villes moyennes, et plus généralement sur l’analyse localisée des rapports de classe. Sa thèse interroge le renouvellement du « pôle culturel » d’une ville moyenne du centre de la France. Il s’appuie sur des données statistiques, ethnographiques et historiques, et est particulièrement sensible à leur articulation.

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