18/06/19 | En attendant les robots. Enquête sur le travail du clic | Antonio Casilli 

À l’heure de l’automation et de la plateformisation, le travail est soumis à une pression qui aboutit au résultat inattendu de pousser les travailleurs à réaliser des activités, mal ou non rémunérées, de production de données et de supervision d’apprentissage de machines.

Vendues aux entreprises dans le cadre de solutions d’intelligence artificielle, ces fonctions sont présentées aux personnes qui les réalisent au quotidien non pas comme du travail, mais comme des usages sans rapport avec la création de valeur par les dispositifs techniques. Les machines ont besoin du digital labor aujourd’hui pour apprendre à s’en passer demain.

La disparition du travail n’est pas une conséquence inévitable de l’automation, alors que sa dégradation est un effet non seulement possible, mais déjà bien visible, de la plateformisation. Qu’elle se réalise ou bien qu’elle demeure au stade d’une tentative inaboutie n’est pas la conséquence surdéterminée du développement technologique, mais l’issue de l’aménagement des luttes sociales qui l’entourent.

Antonio Casilli est spécialiste des réseaux sociauxmaître de conférences en humanités numériques à Télécom ParisTech et chercheur au Centre Edgar-Morin de l’EHESS. Il est l’un des chroniqueurs réguliers des émissions La Grande Table et Place de la Toile sur France Culture1.

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