KOUHMANE Sultana
Biographie
1970
Naissance au sein d’un couple mixte belgo-marocain.
Mariée très jeune, elle voit dans le divorce la seule manière d’échapper à l’emprise de son mari, imam à Schaerbeek*, auteur d’un brûlot haineux contre l’Occident et la liberté que notre société moderne réserve aux femmes.
1995 (2 juillet)
Les 3 enfants de Mme Kouhmane sont enlevés par leur père vers le Maroc.
Sultana porte plainte auprès de son commissariat de quartier.
Le policier laisse pourrir sa déposition pendant 2 semaines dans un tiroir et n’entame aucune recherche.
Medhi est revenu en juillet 2003, Soumaya, en décembre avec un bébé et mariée illégalement à 14 ans. En avril 2004, Sultana Kouhmane retrouve Sajida devenue une adolescente de 13 ans portant le foulard.
1995
Sultana Kouhmane fonde SOS Rapts Parentaux.
- Auteur du livre « Mes enfants volés »
Le livre que Sultana Kouhmane vient de consacrer, en collaboration avec l’ex-journaliste et (désormais) ex-sénateur CDH Jean-Paul Procureur, à la recherche désespérée de ses trois enfants enlevés en 1995 par leur père, est le récit d’une double plongée aux enfers.
Celle, d’abord, d’une maman désenfantée qui, pendant 13 ans, n’a eu de cesse de multiplier les démarches pour récupérer Soumaya, Mahdi et Sajida, âgés de 8, 6 et 4 ans lorsque leur père les enleva lors de vacances passées au Maroc. « Ecrire ce livre, explique Sultana Kouhmane, c’était une façon de tourner une page. » Mais pas de refermer le livre douloureux de sa vie : « Même s’ils sont désormais revenus, je n’ai pas reconstruit une famille avec mes trois enfants. Pour moi, ils ont toujours 8, 6 et 4 ans. » Ses filles sont revenues mariées trop jeunes. Ses enfants sont demeurés dans ce conflit de loyauté entre un père et une mère, tous deux aimés malgré leurs querelles de grandes personnes.
L’autre plongée aux enfers que Sultana Kouhmane raconte est celle de sa vie de femme, mariée à 16 ans, à un imam fondamentaliste, conseiller pédagogique au centre islamique de Bruxelles. Elle narre par le menu les coups reçus, la polygamie de son mari, la vie imposée par ces intégristes implantés en Belgique. Son mari, Mohamed Saghir, révéla dans un livre confidentiel (Jamais sans l’islam de mes enfants) sa conception de l’intégration : « Tout ce qu’une famille musulmane consciencieuse peut faire si elle compte rester définitivement en Occident, c’est de prendre elle-même ses enfants et s’en aller ailleurs, pour une durée de quatre à six ans ou les envoyer s’intégrer dans une communauté musulmane normale où règnent encore les valeurs (…) de la spiritualité islamique. »
Elle-même professeur de religion islamique, Sultana Kouhmane porte un regard moderne sur l’islam. Elle récuse comme obligation aux jeunes le port du voile, ce qui lui vaut des critiques.
Sultana Kouhmane et son coauteur Jean-Paul Procureur préconisent la création d’un tribunal européen de la Famille. « La coopération fonctionne lorsqu’il s’agit de commerce », constate l’ex-sénateur CDH, qui soutient depuis toujours le combat de Sultana Kouhmane. La prochaine présidence belge de l’Europe leur permettra, espèrent-ils, de faire entendre leur message.