2/3/2012 : Conférence « Maroc : la contestation continue. Contexte, enjeux, revendications du Mouvement du 20 février »
Depuis toujours, le Maroc bénéficie d’une image positive d’exception parmi les pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Après les événements de 2011, certains laissent entendre que le pays serait devenu l’exception du printemps, en se soumettant à l’immobilisme du pouvoir en place alors que l’environnement régional fait preuve de dynamisme et d’une volonté de démocratisation. C’est pourtant oublier la forte mobilisation du Mouvement du 20 février qui, depuis un an, mène des actions de contestation dans différentes villes du Maroc, rassemblant autour d’elles une part croissante de la population.
Et de fait, que représente la réforme de la Constitution du Maroc qui, en en voulant s’inscrire dans le contexte du printemps arabe, se solda par les élections législatives en novembre 2011 ? Une volonté réelle de changement et un grand pas vers la démocratie ou de la poudre aux yeux afin de calmer un peuple au bord de l’ébullition ?
Aujourd’hui et malgré les changements instaurés par la nouvelle constitution, le climat politique et social reste tendu au Maroc entre d’une part, le gouvernement en place, et d’autre part, les jeunes qui réclament la modernisation des statuts juridiques, plus de démocratie, plus d’emplois, plus d’égalité entre les riches et les pauvres. En effet, avec un tiers des moins de 35 ans au chômage et une impatience sociale à son comble, le gouvernement ne doit pas miser sur un quelconque état de grâce.
A ce jour, force est de constater que le bilan du régime est pour le moins contestable, que ce soit sur le plan des libertés — la plupart des journaux indépendants ont dû fermer —, sur celui de la lutte contre la corruption, ou sur celui de réformes économiques réclamées par la majorité de la population. Il semblerait que, depuis la réforme, la situation du peuple marocain ne se soit que peu améliorée et que les violations des droits humains perdurent.
Les discriminations et les violences à l’encontre des Amazighes continuent dans de nombreuses régions. Récemment, dans la ville Taza, au Nord-Est du Maroc, la population s’est opposée aux forces de l’ordre depuis plusieurs semaines, et le conflit a débouché sur des actes de vandalisme, des actes de répression, la présence de l’armée et l’instauration d’un couvre-feu, des centaines de personnes blessées, des arrestations, bref une situation qui n’appelle à l’apaisement général.
C’est dans ce climat d’effervescence que le Mouvement du 20 février a lancé la contestation en dehors de la plupart des partis politiques en demandant des réformes indépendantes du bon vouloir du roi.
Le Centre régional du Libre Examen et Ligne de Mire ont choisi de donner la parole à ceux et celles qui soutiennent cette contestation afin qu’ils puissent expliquer leur analyse de la situation actuelle au Maroc, mais leurs postions et leurs revendications pour un Maroc plus démocratique. Nous demanderons aux intervenants invités d’expliquer le contexte, les enjeux et les champs d’intervention du mouvement de contestation au Maroc:
- Quelles sont les attentes du peuple marocain ?
- Comment s’approprier une citoyenneté active dans un régime politique où le Roi se présente encore comme descendant direct du prophète et dispose d’un pouvoir émanant d’un droit divin et sacré ?
- Quelle est la situation des droits humains au Maroc ? Notamment, en terme de liberté d’expression, quelles sont les censures rencontrées par la presse indépendante ?
- Quel rôle joue le mouvement du 20 février dans la contestation politique et sociale au Maroc ?
- Quels sont les revendications du mouvement contestataire sur les points suivants : la loi islamique en vigueur, le code de la famille, les droits humains, le pouvoir monarchique en place, les politiques socio-économiques mises en oeuvre ?
- Comment est organisé le mouvement du 20 février entre les différentes associations qui y participent ?
- et de manière générale par la plus grande Association des Droits Humains au Maroc, représentée par 91 sections, réparties dans l’ensemble du Maroc ?
- Le Maroc se dirige-t-il vers la régionalisation ou l’autonomie des peuples amazighes et saharaoui ?
Les invités de la conférence :
- Amine ABDELHAMID – Le vice-président de l’Association Marocaine des Droits Humains, Coordinateur adjoint CNAM20
- Vincent Legrand, Vincent Legrand du Centre d’Études et de Recherche sur le Monde Arabe Contemporain (CERMAC) de l’UCL
- Fouad LAHSSAINI – membre du mouvement 20 février Belgique, ancien membre du bureau de l’UNEM (Union Nationale des Etudiants du Maroc) , ancien député écolo
- Lahoucine Anir BOUYAAKOUBI – Historien – Militant Amazigh.
Date : Vendredi 2 mars 2012 de 19h30 à 22h00
Lieu : Centre d’Action Laïque – ULB – Campus de la Plaine
Paf : 2 €