21/11/2012 : Colloque « Les liens qui unissent. La diversité, ensemble »
Réflexions autour des fondements
d’une Culture du Respect
Le respect comme valeur commune de société
Le principe de laïcité repose sur les valeurs de respect, de dialogue et de tolérance, pour un vivre ensemble. Comme l’écrit Henri Pena-Ruiz, la laïcité est un idéal de concorde qui recouvre l’union de tout le peuple sur la base de trois principes indissociables (..) : la liberté de conscience, que l’école publique entend asseoir sur l’autonomie de jugement, l’égalité de tous sans distinction d’options spirituelles ou de particularismes et sans aucune discrimination, l’universalité d’une loi affectée exclusivement à la promotion du bien commun. Vaste programme que de construire une société sur la base d’une union autour de valeurs fondatrices partagées et respectées par tous !
Ici, le respect se pose comme un niveau d’exigence et de responsabilité sur lequel tout citoyen s’engage, d’abord vis-à-vis de lui-même, mais aussi à l’égard de la société toute entière : respect de l’être humain, dans sa nature profonde, avec pour but son l’épanouissement personnel et la coexistence paisible entre tous ; respect des droits humains (et des lois qui en découlent), en particulier, la liberté de pensée et d’expression, la justice pour tous, l’égalité entre tous et la lutte contre toutes les formes de discrimination ; respect de la diversité comme source d’enrichissement mutuel.
Le respect comme mode de relation à l’autre
L’humain est avant tout un être social qui, pour exister, doit entrer en relation avec d’autres humains. Il se lie avec ses semblables par nature. Il doit communiquer avec eux, se faire reconnaître par eux, à travers des processus de communication globalement gratifiants. Il apprend des relations individuelles et des rapports sociaux jusqu’à ce que s’établisse une compréhension (mutuelle ou unilatérale et parfois forcée) de ce qui est gratifiant et de ce qui ne l’est pas. Bref l’homme s’inscrit dans une culture du respect, avec ses codes, ses modalités d’expression, ses contingences, etc..
Ici le respect s’enracine plutôt dans un art de vivre ensemble. Mais, dans une société démocratique comme la nôtre, il ne peut pas être décrété par l’un et s’imposer à l’autre. Il se construit ensemble, en réciprocité. Il suppose de faire un effort pour comprendre l’autre. Il implique le dialogue, trait d’union entre les individus, et par lequel chacun apprend à se connaître, à s’accepter, à se reconnaître. Et par conséquent, il est l’expression d’un lien social à géométrie variable et d’une grande diversité selon les cultures, les contextes, les situations, les individus, etc.
Le respect au quotidien ?
Ce n’est pas facile de respecter l’autre pour ce qu’il est, de vivre ensemble les différences dans une diversité acceptée et assumée. Trop souvent, les incompréhensions dans les valeurs, les attitudes verbales et non-verbales, les divergences d’idées, de vécus et d’expériences de vie ou encore les croyances ont tendance à éloigner les gens. À les stigmatiser et à les enfermer également. À infliger des blessures identitaires. Parfois, les groupes sociaux s’ignorent en vivant dans des mondes qui ne se rencontrent jamais. Parfois, ils se confrontent dans des conflits sans issue qui cristallisent des positions de repli, de peur, de défiance, de mépris, etc.
Pour sortir de l’engrenage des différences toujours montrées du doigt, surtout lorsqu’elles sont mal perçues et mal acceptées, il nous semble important de permettre aux individus de s’ancrer dans ce qui les rassemble, dans cette part d’humanité qui les relie indépendamment de leurs croyances et origines culturelles, ou de leur genre, âge et niveau social.
Dans un territoire urbain comme la région Bruxelles-Capitale, des centaines de communautés humaines se côtoient faisant chacune à l’intérieur d’elles-mêmes ce travail de reliance entre leurs membres. Mais, que se passe-t-il hors des communautés ? Dans les lieux publics, un CPAS, à l’école, une entreprise, etc ? Qu’est ce qui ancre les citoyens dans ces espaces collectifs ouverts à tous, hormis leurs singularités individuelles, leurs différences, leurs divergences ? Comment, dans le respect de la diversité, ensemble, peuvent-ils valoriser les liens qui les unissent à l’intérieur de leur région de vie ? Par quels processus, les liens humains et sociaux peuvent-ils se renforcer dans une société multiculturelle comme la nôtre, sans verser dans le communautarisme, la stigmatisation des différences et le repli identitaire ? Faut-il impulser une culture du respect ? Comment ? Y a-t-il une vision globale et une cohérence politique et sociale sur Bruxelles ? Et pour construire quelle société de demain ?
Le colloque
Le Centre régional du Libre Examen propose de travailler cette question qui est au centre des thématiques de la Quinzaine de la Diversité et de l’Egalité des Chances 2012. Car ces points d’ancrage dans la société, qui nous inscrivent dans la réalité quotidienne de nos vies, ces liens donc, permettent de nous questionner sans cesse sur nos existences. Ils participent à une prise de conscience avec laquelle il devient possible de déconstruire des préjugés et des stéréotypes, développer des attitudes et de formes de communication non-violente, aller à la rencontre l’autre, s’approprier une culture du respect adaptée à notre société. S’intéresser à ces liens, c’est aussi une manière de sortir des schémas passionnels qui cristallisent les conflits autour des divergences culturelles, sociales, idéologiques ou philosophiques, pour se centrer sur les méthodes de travail, les outils de communication partageables et les pratiques du quotidien qui sont à l’origine de toute réflexion constructive et durable.
Autour d’un collège d’experts, nous tenterons de comprendre les processus en jeu pour mettre en place et valoriser une culture du respect dans une société multiculturelle.
Organisation
· Date : 21 novembre 2012 de 13h30 à 17h30
· Lieu : Bruxelles Laïque, 18-20 avenue de Stalingrad – 1000 Bruxelles
Orateurs confirmés :
· Vincent de Coorebyter (Président-Directeur du CRISP, Centre de Recherche et d’Information socio-politiques)
· Jean-Louis Genard (Professeur de Sciences Politiques, GRAP, Groupe de Recherche sur l’Action Publique, Institut de Sociologie)
· Jean Cornil (Essayiste, Chargé de recherches à PAC, Présence et Action Culturelles)
· Ababacar Ndaw (Bruxelles Laïque, coordination Animation socio-éducative)
· Catherine Dehon (Maïtre-assistante à la Haute Ecole de Bruxelles, Catégorie Pédagogique, Didacticienne de langue française à l’école primaire)
Programme :
Modératrice : Anne Bernard
Jean-Louis Génard définira la notion de respect et ses enjeux dans une société moderne qui mise sur la démarche d’autonomie et de responsabilité des personnes. Il nous exposera les figures du respect et les ambivalences qu’il perçoit, mais aussi les figures d’irrespect qu’il voit apparaître dans le contexte actuel.
Jean Cornil exposera comment on peut concevoir le respect en conjuguant l’universalisme et la diversité, le un et le nous. Fort de son expérience au Centre pour l’Egalité des Chances et à travers ses recherches philosophiques au PAC, il illustrera de quelle manière principes, valeurs, cultures constituent l’indispensable pont entre les individus d’une même société.
Vincent de Coorebyter réfléchira sur les limites au principe de respect dans notre société en crise. Il proposera des pistes pour déjouer les pièges dans lesquelles nos démocraties sont tentées de tomber compte tenu des conditions actuelles de leur développement.
Bruno De Lille viendra nous rejoindre et dire quelques mots sur l’importance qu’il accorde au respect comme vecteur d’un mieux vivre ensemble mais aussi comme moteur d’une démarche politique.
Catherine Dehon abordera le respect sous l’angle de l’éducation qui constitue un des piliers de toute démocratie. Elle expliquera comment il est possible de favoriser l’émergence d’une culture du respect dans les écoles primaires, mais également de former les futurs enseignants-instituteurs à cette méthode d’apprentissage, grâce à la pédagogie active mise en place à la Haute Ecole de Bruxelles.
Ababacar Ndaw proposera des leviers socio-éducatifs qui, en éducation permanente, permettent de concevoir le respect comme une pratique sociale à construire, sur base de compétences à développer. A travers les actions organisées à Bruxelles Laïque, il montrera comment il est possible, pour un citoyen issu de l’immigration, de passer de la communauté d’origine à la communauté de conscience.
Nous prévoyons une rapide restitution des travaux menés par Martial Delcourt de Formeville dans les cinq ateliers d’animation qui se seront déroulés au cours des semaines précédentes. Ces ateliers auront à chaque fois réuni une dizaine de participants (issus de CPAS, de centres ISP, de centres de formations) et, à partir de jeux, auront travaillé l’écoute active, la confiance, les valeurs, le respect. Ce sera l’occasion de confronter les orateurs à la perception et le ressenti de citoyens.