18/05/2010 – Lambinon

Micheline Lambinon travaille à Vie féminine,  mouvement féministe d’action interculturelle, sociale et d’éducation permanente pour les femmes des milieux populaires.

Qu’est ce qui est à l’origine de nos projets ? : Ce sont les réalités que vivent les femmes et qui révèlent des besoins auxquels nous tentons de répondre.

Qu’est ce qui motive les actions que nous menons ? : Ce qui motive les actions portées à Vie Féminine, ce sont les injustices qui touchent les femmes et hommes et plus encore celles qui pèsent  plus lourdement sur les femmes.

Bien que nous vivions dans une société riche, une société organisée, une société démocratique qui se targue de défendre les droits humains, nous constatons chaque jour que la société génère de l’exclusion et que de nombreuses femmes sont touchées par des inégalités.

 

Comment les femmes vivent-elles la précarité aujourd’hui ?

 

Si le mouvement Vie Féminine s’est intéressé à la précarité au féminin, c’est au départ de « petites choses » rapportées par les femmes que nous rassemblons, nous les avons entendues et  écoutées. Ces interpellations furent posées de manière récurrente et il nous était impossible de passer à côté. L’objectif du mouvement est d’entendre les femmes de travailler avec elles pour plus d’autonomie et d’indépendance.

Pourquoi la précarité ?

A la notion de pauvreté, nous avons préféré celle de précarité, qui touche aussi bien les personnes pauvres que celles qui se situent au seuil de cet état.  Il reste des inégalités constantes, la précarité en consiste un exemple frappant. On dit qu’elle se féminise … Mais n’a-t-elle pas en réalité toujours touché plus fortement les femmes ?

Méthode

Bernard Franck, sociologue et professeur à l’Université Catholique de Louvain, s’est joint à nous pour mener une étude sur base d’une méthode d’intervention sociologique et consiste en un travail avec des groupes de discussion, encadré par un(e) animateur(rice) et un secrétaire de séance.

Des parcours divers

Des femmes plongées dans le bain de la précarité, qui sont devenues des expertes dans la débrouille, non par choix mais malgré elles. La démarche a permis la découverte des réalités des unes et des autres. L’emploi a été un thème qui préoccupe beaucoup les femmes. De même que le  logement, la mobilité et les soins de santé. Ces parcours précaires sont aussi marqués par un isolement plus ou moins grand, une qualité de vie inexistante ou difficile à acquérir et une vision de l’avenir incertaine.

Conclusions

La précarité naît de l’interdépendance entre différents domaines de la vie. Emploi, logement, culture, santé, couple, enfants, revenus, temps, mobilité : ces réalités s’entrechoquent, se croisent, s’emboîtent. Cette étude a montré que c’est au moment de la rupture du couple, que la situation de précarité des femmes, pré existante au sein du couple, se révèle à elles-mêmes et aux autres, dans toute sa dureté.

L’exigence de respect constitue la revendication la plus fondamentale des femmes ayant participé à cette étude. Leur demande est d’être entendues, reconnues comme être humains, traitées à ce titre avec dignité et considération. Elles refusent de se voir attribuer la responsabilité de tout ce qui va mal dans la société et de devoir tout assumer jusqu’à s’écrouler.

C’est en effet, le rôle du politique de réguler le système social, ce qui peut garantir le respect, l’écoute et l’égalité. C’est par la volonté politique que l’on pourra recréer une organisation du bien-être collectif dont l’Etat se doit garant. Un état dans lequel les individus doivent se sentir soutenus et pas assistés.