11/12/18 | « Uber m’a tuer » | Sarah Abdelnour & Sophie Bernard
Les mobilisations des chauffeurs contre les plateformes numériques
L’entreprise Uber symbolise l’émergence de ce capitalisme de plateforme qui bouscule autant l’organisation collective du travail que ses formes, notamment par le recours à une main-d’œuvre externalisée indépendante. Mais si Uber a attiré 15 000 « partenaires » en quelques années, des tensions sont rapidement apparues autour et au sein même de l’entreprise. Après la mobilisation des taxis, les chauffeurs des plateformes eux-mêmes s’organisent contre leurs donneurs d’ordre. Des premières actions devant le siège d’Uber ont lieu à l’automne 2015. Depuis l’hiver 2016, c’est une contestation plus organisée et institutionnalisée que l’on observe. Or, au vu de leur statut d’indépendant, de leurs conditions de travail, de leur jeune âge et de leur parcours social, ces mobilisations sont atypiques.
> Comment débute et s’organise cette mobilisation ? Quels sont ses représentants ? Quels sont les registres d’action mobilisés ? Ces travailleurs inaugurent-ils des pratiques protestataires spécifiques ? Quelles sont leurs revendications ? Gros plan sur le nouveau terrain conflictuel que constituent les plateformes numériques et, plus particulièrement, sur le cas des chauffeurs VTC en France.
Sarah Abdelnour est maîtresse de conférences en sociologie à l’Université Paris Dauphine et chercheuse à l’IRISSO. Elle a mené une enquête sur la genèse et les usages du régime de l’auto-entrepreneur en France.
Sophie Bernard est professeure de sociologie à l’Université Paris Dauphine et chercheuse à l’IRISSO. Spécialiste des mutations du travail, elle a analysé les processus d’automatisation dans les services, et les transformations des modes de rémunération.
Elles mènent toutes deux actuellement une enquête auprès des chauffeurs de VTC travaillant par l’intermédiaire des plateformes numériques en France.