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« Ulysse, le premier laïque ? »

Par Anne Bernard (d’après l’exposé de Pierre Legros)

A l’occasion du banquet républicain du 5 mai 2011, le Centre régional du Libre Examen a invité Pierre Legros à parler de spiritualité en Franc-Maçonnerie.

D’entrée de jeu, notre orateur pose la question de l’existence d’une spiritualité laïque, sachant que pour certains croyants (pas tous, bien sûr, mais quelques catholiques dogmatiques), la «vraie spiritualité» est forcément religieuse, sachant aussi que pour les athées militants (pas tous, encore une fois) la spiritualité est trop religieuse pour être honnête, elle sent l’eau bénite à plein nez… Ainsi la spiritualité appartiendrait aux hommes de Foi, de foi un Dieu, quel qu’il soit… Les liens qu’elle pourrait tisser avec la laïcité seraient donc inconcevables et relèveraient presque d’une ineptie.

Pierre Legros considère qu’il est important de dépasser ces conceptions défensives et limitatives de la spiritualité. Oui, la spiritualité laïque existe, et, selon lui, la Franc-maçonnerie peut nous y aider. Et pour argumenter dans ce sens, il attire notre attention sur la nécessité de faire la distinction entre deux notions : les valeurs morales et valeurs spirituelles.

Valeurs morales / valeurs spirituelles

La Morale se définit par les règles et les principes de conduite qui ont cours dans une société donnée. Elle englobe par exemple le respect ou la reconnaissance de l’autre (bienveillance, bonté, fraternité, etc.) et se décline à travers la somme de nos droits en tant qu’être humain et citoyen, mais également à travers la somme de nos devoirs. Cette morale est portée par des institutions qui la défendent et/ou la mettent au service de la société, comme par exemple Médecins Sans Frontières, Avocats Sans Frontières, Sœur Emmanuelle…

Bien sûr, si tout le monde se conduisait correctement sur le plan moral, l’humanité vivrait en paix, les droits humains seraient respectés, la violence aurait disparu. Il n’y aurait plus de meurtres, de guerres, de mensonges, de corruption, d’injustice et par conséquent la société n’aurait plus besoin de juges ni d’avocats, de police, d’armée, de prisons… Cependant, même si les hommes et les femmes se mettaient à vivre comme des Saints vertueux et à appliquer scrupuleusement toutes les valeurs morales, ils continueraient néanmoins à vieillir, à mourir, à aimer, à tomber amoureux de quelqu’un qui ne l’est pas en retour, à être malheureux, à s’ennuyer… Ils éprouveraient toujours le besoin de s’évader des contingences de la vie quotidienne, de rêver d’amour plus grand et de sentiments plus forts, d’admirer un ciel étoilé, de s’interroger sur le sens de tout cela, bref, de penser à des valeurs qui vont bien au-delà de la morale, des valeurs qui relèvent de la vie de l’esprit, c’est-à-dire de la spiritualité.

Voici donc poser la distinction entre valeurs morales et valeurs spirituelles, les secondes apparaissant bien plus puissantes que les premières, car relevant d’aspirations plus profondes. Mais, pour autant, cette vie de l’esprit appartient à tous les hommes et ne passe pas obligatoirement par la croyance en un Dieu.

Spiritualité avec et sans Dieu

La spiritualité avec Dieu est celle des religions qui expliquent l’origine du monde, la vie, les êtres, les choses, comme le résultat d’une volonté créatrice supérieure. La spiritualité sans Dieu est celle des grandes philosophies qui placent l’homme (la femme) en situation de réfléchir par lui-même sur le comment et le pourquoi. C’est la réponse laïque à la vie. C’est la simplicité de la raison. Dans nos régions, les philosophes grecs ont posé les bases de cette tournure de l’esprit, bases auxquelles nous nous référons encore deux mille ans plus tard. Après le siècle des Lumières, la première spiritualité vraiment laïque va s’élaborer et proposer une réflexion sur la vie bonne (déjà chère à Montaigne) qui ne s’appuiera ni sur la morale ni sur la religion : à travers elle, s’exprime l’idéal maçonnique.

Alors, bien sûr, les laïques apparaissent souvent très orgueilleux à vouloir comprendre ce que les croyants considèrent comme étant de l’ordre de l’impensable l’inconnaissable, l’impénétrable : Saint Augustin disait d’ailleurs en parlant des philosophes : « Vous, les superbes ». Mais qu’importe. Car, ce sont bien les philosophies qui ont depuis toujours permis de faire reculer l’ignorance, d’éveiller l’esprit humain, de faire progresser les idées et les mentalités. Il est donc très important que les philosophies continuent de travailler dans ce sens, au risque sinon d’abandonner la spiritualité laïque au tenant de la spiritualité religieuse. Et, en soulignant la relative faiblesse des philosophies contemporaines, nous pouvons apercevoir une des brèches à travers laquelle s’engouffrent aujourd’hui tant de pensées rétrogrades qui font craindre à un retour d’obscurantisme.

Pour bien comprendre la différence entre spiritualité religieuse et spiritualité laïque, Pierre Legros choisit de nous raconter une histoire, celle d’Ulysse dans l’Odyssée d’Homère. Pourquoi celle-ci en particulier ? Parce que justement, bien que datant du Vlll° siècle avant Jésus-Christ, elle fonde la spiritualité laïque, comme le rappelle Luc Ferry.

Le voyage initiatique d’Ulysse

Ulysse, roi d’Ithaque, rentre victorieux de la guerre de Troie. La ville assiégée est enfin tombée. Nous connaissons tous l’histoire du célèbre cheval, statue géante en bois, construite par les Grecs et remplie de soldats qui, la nuit venue, iront massacrer les Troyens endormis de la cité.

Ulysse veut retrouver sa femme Pénélope et son fils Télémaque qui l’attendent depuis tant d’années. Il est pressé de retourner dans son pays. Pourtant, le voyage est interminable, aussi long que la guerre elle-même… Il durera 10 ans

Lors d’un épisode, alors qu’il est prisonnier du Cyclope Polyphème, Ulysse prétend s’appeler Personne, espérant par cette ruse s’échapper avec ses compagnons. Après avoir percé l’œil du Cyclope pendant son sommeil, et croyant ce dernier mort, Ulysse lui révèle son vrai nom. Le Cyclope a le temps de lancer une malédiction, et en appelle à la toute-puissance de son père Poséidon. Furieux, ce dernier décide de venger son rejeton ! Comme Ulysse doit passer par la mer pour rentrer chez lui, le dieu des Océans sème son voyage d’embûches qui ont une visée philosophique : la notion d’oubli. Ulysse devient le héros d’une épopée de l’absence, de la perte, d’un retour sans cesse repoussé. Il perd ses compagnons, son identité propre.

Le voyage de retour devait permettre à Ulysse de passer de la guerre à la paix, du cahot à l’harmonie, de l’éloignement qui use au chez soi qui apaise. L’errance que lui impose Poséidon place le héros à la fois dans le passé et dans le futur, dans le souvenir nostalgique d’Ithaque et dans l’espoir du retour. Il n’est jamais dans le présent ni dans le «carpe diem» d’Horace.

Au cours du voyage d’Ulysse, le moment essentiel qui marque le début de l’histoire fondatrice de la spiritualité laïque est la rencontre avec Calypso. Calypso est une nymphe d’une beauté parfaite, une bombe sexuelle, immortelle de surcroît. Reine de l’ïle d’Ogypie près de Gilbraltar, elle tombe amoureuse du héros navigateur lorsque celui-ci fait naufrage sur ses côtes à la suite d’une tempête déchaînée par Poséidon. Elle tombe amoureuse d’Ulysse et s’empare de lui (Calyptain signifie cacher). Ils font l’amour dans un paradis terrestre sublime. Mais Ulysse ne peut oublier Ithaque et, tous les soirs, il regarde depuis un rocher l’horizon. Il veut rentrer chez lui, retrouver à sa place dans l’ordre cosmique.

Athéna entend ses pleurs. Son père, Zeus, envoie un messager (Hermès) et demande à Calypso de laisser Ulysse tranquille pour que celui-ci puisse reprendre la mer. Calypso est furieuse, mais comme on ne désobéit pas aux ordres de Zeus, elle tente l’impossible : elle élabore un stratagème en proposant à Ulysse ce qu’elle considère comme le plus beau cadeau : l’immortalité couplée à l’éternelle jeunesse. (Oui, on se souvient de Tython à qui la déesse Aurore avait aussi promis l’immortalité mais avait oublié la jeunesse. Ce fut la catastrophe, et Tython devint un vieux rabougri qui, finalement, se transforma en cigale !)

Contre toute attente, Ulysse refuse. Il résiste au cadeau d’une déesse car il n’oublie pas Ithaque. Son refus est d’une profondeur philosophique abyssale et marque la naissance de la spiritualité laïque. Le but de l’existence humaine ne consiste pas à gagner le salut éternel, message sur lequel reposent les religions monothéistes, mais bien de s’inscrire dans la « bonne vie » qui ne passe pas par le salut accordé par Dieu. Car enfin, «… Une vie de mortel réussie est bien supérieure à une vie immortelle ratée ».

Ulysse nous montre que la vie loin de soi, hors de son milieu naturel, est pire que la mort. Que l’espérance d’immortalité ou d’éternelle jeunesse, que proposent les spiritualités religieuses, ne change rien à cela ; au contraire, elle consiste à nous faire accepter cette vie hors de soi, elle est une fuite, un renoncement. La spiritualité laïque, et la Franc-maçonnerie, se différencient de ces spiritualités-là par trois critères fondamentaux, sortes de synthèse de toute la philosophie.

1. Vivre en homme libre. Ulysse sait qu’en refusant le cadeau des Dieux, il se voue à l’horreur de l’enfer, mais il refuse néanmoins. Il comprend que ce n’est pas la mort qu’il faut surmonter mais la peur qu’elle inspire. Il accepte de devenir le maître de son destin, avec les risques que cela comporte. Il veut vivre en homme affranchi de la volonté des Dieux, en homme libre. Vivre avec lucidité, c’est accepter la condition humaine (Malraux), que l’on trouve autrement exprimé dans « Connais-toi toi-même » (Platon) ou dans « philosopher, c’est apprendre à mourir » (Montaigne).

2. Deux maux pèsent sur l’existence : le passé qui enchaîne l’homme à un temps révolu et l’amène à regarder la vie avec regret et nostalgie, et l’avenir qui constitue son espérance de vie meilleure, comme le paradis des chrétiens. En étant ainsi toujours dans le passé et l’avenir, dans ces horizons fixés, nous manquons de vivre « le temps présent ». En revenant à Ithaque, Ulysse se débarrasse des illusions et de la nostalgie. Il peut vivre avec Pénélope le temps présent, et donc l’amour.

3. Vivre en mortel… heureux. Le but de la vie n’est pas la survie éternelle. Renier sa condition de mortel c’est se vouer à devenir des ombres qui peuplent les enfers, qui ont perdu visage, nom et voix. La quête de l’immortalité est une autre manière de mourir, de dissoudre son être. En renonçant à l’offre de Calypso, Ulysse accepte son sort de mortel, il accepte sa finitude, mais son choix n’a rien de morbide.

Conclusions

Ulysse est celui qui se construit, seul, en tant qu’homme libre. Chaque épisode de son long voyage le questionne sur sa condition humaine et l’oblige à réfléchir sur le sens qu’il accorde à la vie, à ses origines, à la mémoire, à son projet de fidélité… N’est ce pas également le travail d’un Franc-Maçon ?

A titre collectif, la spiritualité laïque, que partagent notamment les francs-maçons (avec d’autres bien sûr), représente ce lieu de liberté de la parole où chacun peut s’affranchir en apprenant à vaincre ses peurs et en s’ouvrant à la raison. Ce lieu aussi où se forge la pensée qui fournit la matrice de la philosophie au-delà de toute morale, de toute religion.