25/4/2012 : Colloque « Quel cadre à l’école : du rôle des règles et des sanctions »

Date : mercredi 25 avril 2012 de 13h45 à 17h30 (accueil 13h30)

Lieu : Bruxelles Laïque, 18-20 avenue de Stalingrad – 1000 Bruxelles

Paf : 2 €

Il y a des sujets qui fâchent : le rôle des règles et des sanctions à l’école est un de ceux-là. Pourtant, si l’école est avant tout un lieu de construction de savoirs, c’est également un lieu d’apprentissage du “vivre ensemble”. L’obligation scolaire jusqu’à 18 ans permet d’offrir à tous les enfants le même cadre social d’instruction et de sociabilisation, faisant ainsi de l’institution scolaire le principal moyen pour répondre à l’idéal démocratique d’égalité et de liberté.

Se sociabiliser, c’est expérimenter la vie en société, en s’appropriant les principes généraux et les règles communes, puis en apprenant à respecter les droits et les devoirs qui incombent à chacun. Se sociabiliser, c’est aussi apprendre à gérer les relations interpersonnelles qui se tissent dans tout groupe humain, affirmer sa personnalité en prenant position dans les rapports sociaux en jeu, dans le respect de tous et du bien commun. Se sociabiliser, c’est enfin apprendre à devenir un citoyen responsable et autonome, capable à la fois de s’assumer individuellement et de s’inscrire dans des projets collectifs.

Or, force est de constater que le cadre social que représente l’école est battu en brèche de toute part, signe du déclin de nos institutions publiques dans une société en crise économique et identitaire.

A l’extérieur de l’école,

  • les pouvoirs publics ont du mal à défendre, de façon cohérente et claire, les missions mais également les valeurs et le cadre social que l’institution scolaire représente dans une démocratie telle que la nôtre ;
  • de plus en plus de parents d’élèves remettent en question les décisions de l’école, usant de la voie formelle du recours mais également d’actions directes – et hors cadre – sur les profs et personnel d’encadrement (violences verbales ou physiques) ;
  • la société dans son ensemble développe volontiers une forme de scepticisme à l’égard de l’école discréditant, sans mesure parfois, l’autorité et les compétences des équipes pédagogiques (professeurs, directions, éducateurs…) qui tentent de mener leurs missions auprès des jeunes et de maintenir le respect du cadre scolaire.

A l’intérieur de l’école, et malgré l’existence d’un Règlement d’Ordre Intérieur,

  • le cadre ne semble pas toujours clairement défini ; trop de règles relèvent plus de l’implicite que de l’explicite ;
  • les modalités de leur application sont très lourdes à mettre en œuvre et varient selon les écoles, les contextes et les profils de jeunes ;
  • les sanctions prévues sont souvent dénigrées et rarement suivies.

Qu’en résulte-t-il ? Au fil des années, une dégradation des relations profs-élèves mais également élèves-élèves, avec la multiplication des marques d’irrespect et des violences, des échecs et décrochages scolaires des jeunes, un sentiment généralisé d’impuissance et la grogne des enseignants, une désaffection des métiers de l’enseignement et pénurie croissante de professeurs, etc.

Le colloque que le Centre régional du Libre Examen se propose d’organiser vise à questionner le cadre à l’école. Quelles sont les causes de sa détérioration ? Afin d’éviter de rejeter la responsabilité sur l’un ou l’autre acteur social, peut-on redéfinir les droits et les devoirs de chacun (l’Etat, la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’école elle-même, l’enseignant, le parent ou l’élève) ? Faut-il réinstaurer des règles et des sanctions à l’école ? Si oui, lesquelles et à quelles conditions ?

Programme

13h30 : Accueil

13h45 : Introduction par Anne Bernard

13h55 : 1ère table ronde : l’environnement de l’école

Lors de cette première table ronde, nous aborderons l’environnement social qui enveloppe le cadre de l’école ainsi que les acteurs qui gravitent autour d’elle. Dans une société de droit, nous essaierons de comprendre comment s’accorder entre les opérateurs qui participent à l’éducation des jeunes, pour décider du cadre minimum non négociable.

Avec Daniel Simon, qui est à la fois écrivain, metteur en scène et animateur d’ateliers d’écriture, nous parlerons du phénomène porté par cette génération en colère qui met le feu aux écoles et aux centres de jeunesse.  Dans son ouvrage « L’Ecole à brûler », il nous raconte le péril d’une école sous haute tension aujourd’hui.

Joëlle Lacroix, de la Fapeo, s’est interrogée sur ces parents que l’on qualifie volontiers de démissionnaires par rapport à l’éducation de leurs enfants et que l’on tient pour responsables des écarts de conduite d’une jeunesse violente et irrespectueuse. Loin de vouloir justifier des manquements éducatifs, l’analyse pointe la complexité de notre société contemporaine culpabilisante et despotique qui place beaucoup de parents en porte-à-faux par rapport au modèle éducatif que ces derniers essaient de mettre en place : modèle économique qui fait des jeunes des consom-acteurs, inégalités sociales, logique de la performance qui fait des laissés-pour-compte, stress social, etc.

Vincent Roelandt, directeur d’Infor Jeunes Bruxelles, fera un bref rappel des droits et des devoirs des parents et des enfants, dans lesquels se retrouve inscrite l’obligation scolaire jusqu’à 18 ans. Il présentera les outils mis en place pour accompagner parents et jeunes dans l’usage de leurs droits, mais aussi les difficultés rencontrées aujourd’hui pour faire respecter les lois et les règles dans le contexte social actuel.

Jean-François Guillaume, sociologue à l’ULg, et apporteront un éclairage sur des défis majeurs que doit affronter l’institution scolaire dans une société multiculturelle.  Comment le rappel de la norme et l’ouverture d’un espace de négociation doivent se rejoindre dans un même projet d’éducation citoyenne ? Comment dépasser l’essoufflement d’un paradigme pédagogique dans lequel les jeunes sont assignés à la condition de réceptacle des connaissances transmises et les enseignants conservent la figure d’autorité alors que la légitimité de cette autorité ne va plus de soi ?

Bruno Sedran, coordinateur à l’AMO TCC Accueil, donnera un éclairage de la réalité sociale à Bruxelles et abordera les problèmes de relation entre famille, jeune et école tels qu’il les identifie de l’extérieur en tant que travailleur social.

15h15 : Débat avec la salle et avis de Alain Maingain, représentant du Cabinet de la Ministre Marie-Dominique Simonet, sur les analyses développées par les participants.

15h40 : Pause

15h55 : 2ème table ronde : le cadre réglementaire dans l’école

Lors de cette table ronde, nous essaierons de comprendre la manière dont cela se passe en pratique dans l’école, entre prof-élève, prof-parent, prof-direction, direction-pouvoir organisateur, etc.

Isabelle Gronowski, enseignante à l’AR de Koekelberg accompagnera quelques-uns de ses élèves qui apporteront leur témoignage et le fruit de leurs réflexions concernant leur représentation de l’autorité à l’école. Ils nous expliqueront ce qu’ils connaissent du ROI de leur école, la manière dont ils perçoivent les règles imposées par la direction, les éducateurs, les professeurs, ce qu’ils trouvent juste et injuste, ce qu’ils en acceptent ou refusent.

Claudine Snaps, Préfète de l’AR de Koekelberg, donnera son point de vue notamment lorsqu’il s’agit de faire respecter le Règlement d’ordre intérieur de son école. Cette expérience nous permettra de comprendre l’utilité et les difficultés qui se cachent derrière un tel document, notamment en termes d’objectifs opérationnels, de mise en pratique et de suivi. Il abordera les responsabilités qui incombent au personnel enseignant et de direction pour respecter et faire respecter le ROI, et présentera le cadre réglementaire qui supervise et contrôle le travail de ces professionnels.

Etienne Jockir, responsable des Centres PMS au Ministère de l’enseignement obligatoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles, expliquera les moyens (réglementaire, organisationnel et financier) dont dispose la Fédération Wallonie-Bruxelles pour faire respecter le cadre légal et orchestrer les articulations entre ses instances propres, les établissements scolaires et les partenaires extérieurs.

Annick Bonnefond, du CGé, restituera les résultats d’une étude sur le thème Les sanctions à l’école et ailleurs. Partant de ce qui se fait et se vit, et notamment des expériences qui semblent porteuses d’un mieux vivre ensemble, elle explicitera certaines difficultés concernant les règles et les sanctions rencontrées par des enseignants dans l’exercice de leur métier ; puis exposera les bonnes pratiques qui soutiennent la socialisation et l’apprentissage.

Anne Floor, de l’UFAPEC, présentera le point de vue de parents préconisent une série de recommandations afin de faire respecter les règles de l’école. Elle abordera les notions telles que la sanction, la punition, la réparation et expliquera dans quelles mesures il est pertinent de les utiliser comme outils éducatifs à l’école.

17h10 : Débat

17h30 : Fin