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Ahmed Marzouki, l’ex bagnard de Tazmamart, invité par le Librex à Bruxelles

Par Anne Bernard

Où en est-on des droits de l’Homme au Maroc ? Après les années de plomb du roi Hassan II, que penser de l’ouverture affichée par son successeur Mohammed VI ?

Vendredi 12 novembre 2010 au CAL, le Centre régional du Libre Examen a réuni plus de quatre-vingt personnes pour aborder ce sujet très controversé si l’on en juge par l’ambiance qu’il régnait dans la salle. Pourtant, dés les premiers instants, le cadre était posé et, en présence de Ahmed Marzouki en personne, nous avons visionné le film poignant du réalisateur Mohamed Ouchen, Rencontre d’un ancien détenu de Tazmamart tout au long duquel, l’ex bagnard et quelques autres survivants retracent leurs dix-huit années d’enfermement dans des conditions inhumaines puis leur parcours plein d’embuches pour retrouver une vie « normale ».

Après sa libération en 1991, après des études et un diplôme d’avocat, mais aussi avec la publication de son livre Tazmamart Cellule 10 en 2000, Ahmed Marzouki s’est fait le défenseur des droits de l’Homme. Aujourd’hui, il parle avec pudeur et fermeté. De la vie d’emmuré dans une cellule minuscule infestée, sans air et sans lumière. De ses tortionnaires. De ses camarades, ceux qui en sont sortis vivants et ceux qui y sont morts. Des histoires qu’ils se racontaient pour ne pas sombrer dans la folie. De leur état de délabrement physique et psychique à leur sortie. Des séquelles à vie. Des intimidations (voire plus) pour qu’ils se taisent après. De ce Maroc qu’il ne reconnaît pas tant celui-ci a changé, tant il en a été longtemps extrait. Des promesses de réhabilitation qui tardent. Des années d’attente avant d’obtenir le droit aux soins de santé. Du combat actuel pour obtenir un droit à la retraite, pourtant bien légitime après une si longue réclusion arbitraire.

Il faut croire que le témoignage d’Ahmed Marzouki continue de déranger certaines personnes, eu égard aux coups et aux insultes dont celui-ci a été victime deux jours auparavant sa visite au Librex, alors qu’il se rendait à une conférence sur le même thème, programmée par le Centre International cette fois. Et pour cause, son témoignage exprime toute l’ambivalence d’un régime marocain qui cache des pratiques encore répressives à l’encontre de ses citoyens, derrière une image rassurante d’ouverture et de démocratie vis-à-vis de l’extérieur. Car, il ne faut pas s’y tromper, malgré les déclarations officielles du gouvernement et la création de l’Instance Equité et Réconciliation en 2003, le Maroc n’est pas un Etat de droit, mais bien un pays policier, régenté par le bon vouloir de son roi.

Victime de l’Histoire, Ahmed Marzouki continue donc son combat contre la violation des droits humains et les arrestations arbitraires qui se pratiquent régulièrement au Maroc. Et ce vendredi soir, à la tribune du Librex, il est accompagné de deux militantes venues également pour témoigner. Ibtissame Lagchar, cofondatrice du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles, nous raconte les tracas dont elle fait l’objet (arrestation, surveillance, interdiction de sortie du territoire) depuis qu’elle a voulu organiser un pique nique public à Mohammedia pendant le ramadan en septembre 2009. Meriem Demnati, de l’Observatoire Amazigh des droits et libertés, présente la lutte acharnée que les membres du Mouvement culturel Amazigh mènent pour faire reconnaître leur langue et leur identité.

Trois conférenciers, tous marocains mais avec des vécus, des causes et des moyens d’expression bien différents : l’écriture pour trouver la paix intérieure et cicatriser des plaies en laissant aux générations suivantes une trace du passé ; l’engagement dans la laïcité pour s’émanciper d’une société contraignante et inquisitrice sur le plan des valeurs ; l’action politique dans un parti d’opposition pour sauver tout un peuple d’une oppression millénaire et proposer un autre projet de société aux citoyens marocains. En les laissant tous les trois s’exprimer longuement, notre modérateur Mohamed El Battiui de l’ULB a permis au public attentif de percevoir toute l’humanité à travers leur récit personnel et d’entendre leur cri, un cri universel qui dénonce les spoliations, les injustices, les droits bafoués, l’usage de la peur, de l’humiliation et de la violence comme outils pour maintenir l’ordre établi, soumettre les Marocains au silence, sauver les apparences. D’entendre un cri, donc, et une voix, à l’unisson, pour nous parler de liberté.

Et dans le public, en guise de réponse, des réactions multiples et variées sont revenues en écho. Comme cette femme qui, avec véhémence, s’en est pris aux conférenciers et leur a reproché de ne pas suffisamment apprécier les avancées de Mohammed VI. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir la tribune, comme si la générosité d’un prince pouvait remplacer une vraie Justice dans un véritable Etat de droit et constituer un progrès à même de ramener dans son giron des contestataires ingrats !

Ou cette étudiante d’origine congolaise qui, surprise de découvrir que le Maroc ne respecte pas les droits de l’Homme – elle pensait que c’était l’apanage de son pays la RDC – demande à Ibtissame Lagchar : « Mais, enfin, que cherches-tu pour ton pays ? », Et notre jeune militante de lancer : « Je cherche la liberté. Parce que j’aime mon pays. Je veux pouvoir être marocaine sans être musulmane, sans que l’on me colle une religion à laquelle je ne crois pas. »

Ou ce laïc bien belge qui se veut rassurant en rappelant qu’en Belgique, contre la pression de l’Eglise catholique, il a fallu se battre pour obtenir un enseignement public et que, comme rien n’est jamais acquis définitivement, il faut rester vigilant pour que la pensée a-dogmatique subsiste. « Les religions ne lâchent jamais rien. Il n’y a pas de raison qu’il en soit autrement pour les laïques au Maroc. Alors bonne chance et bonne lutte ! » conclut-il avec philosophie.

Ou encore, ce Marocain immigré depuis l’âge de 12 ans qui, se tournant vers Ahmed Marzouki, dit simplement « Pardon », puis rajoute pour le reste de l’assemblée, sincèrement troublé et désorienté :« devant la religion, à Bruxelles aussi, il y a tant d’hypocrisie dans le système marocain. Que peut-on faire ? »

Cet homme partira de la conférence sans que personne ne lui ait apporté une réponse sur un plateau. Car, c’est bien dans l’esprit du libre examen que de laisser chacun confronter sa conscience à une question si fondamentale. Cependant, j’ai eu le sentiment qu’en prenant ainsi la parole dans le fief bruxellois de la laïcité, mais aussi devant un auditoire un peu méfiant à l’égard de sujets considérés encore comme tabous, il avait fait une brèche dans le mur de silence derrière lequel il vit certainement depuis tant d’années.