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« Noirs-Blancs, Métis – La Belgique et la ségrégation des Métis du Congo belge et Ruanda-Urundi (1908-1960) », Assumani Budagwa

Biologiquement le mulâtre est un africain. C’est-à-dire qu’il y a en lui quelques caractères irréversibles nés de pays chauds. Selon la loi qui veut que l’on peut « cuire » et non « décuire », le mulâtre trouve son berceau naturel et les éléments de sa culture sur le sol africain. [Mais] son émotivité peut être très délicate, il possède une grande capacité de souffrance morale due à l’hérédité du système nerveux blanc. (…) On voit que le corps du mulâtre devrait rester en Afrique tandis que son cerveau devrait être cultivé en Europe.

Jean-Marie HABIG, « Initiation à l’Afrique », Bruxelles, éd. Universelles, 1948

noirsblancsmetisDans son très beau et très puissant « Discours sur le colonialisme » (1950), Aimé Césaire fait d’Hitler l’enfant naturel du système colonial ((« Oui, il vaudrait la peine d’étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d’Hitler et de l’hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXe siècle qu’il porte en lui un Hitler qui s’ignore, qu’Hitler l’habite, qu’Hitler est son démon, que s’il vitupère, c’est par manque de logique, et qu’au fond, ce qu’il ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, le crime contre l’homme, ce n’est pas l’humiliation de l’homme en soi, c’est le crime contre l’homme blanc, et d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique. » Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, à télécharger ici.)). « Au bout du capitalisme, désireux de se survivre, il y a Hitler. Au bout de l’humanisme formel et du renoncement philosophique, il y a Hitler » écrit le poète de la négritude. A découvrir les monceaux de documents d’époque exhumés par Assumani Budagwa pour raconter la question métis, on comprends aisément l’engrenage infernal dans lequel l’Occident s’est engagé en tentant de rationaliser sa politique coloniale. Les considérations scientifiques oiseuses, l’hypothétique rendez-vous avec Dieu et une bienveillance dégoulinante de paternalisme ne masquent jamais, ou si peu, la nature strictement économique de l’intérêt que revêt le champ colonial pour la métropole. Et, dans cet ordre des choses, le colonisateur considère – au mieux – l’indigène avec la sollicitude de l’éleveur bio qui donne un nom à chacune de ses vaches.

Dans la préface de l’ouvrage, Colette Braeckman invite les chercheurs, psychologues, dramaturges, écrivains à s’emparer du matériau impressionnant collecté par Assumani Budagwa. Et de fait. C’est le roman d’une époque pas si lointaine et pourtant d’un exotisme total qui se dessine, exotique parce que parfaitement occultée, avec ses personnages complexes, mélange étrange de racisme ordinaire et de bonne conscience, sa dramaturgie pleine de trous et de points de vue qui se recoupent ou se contredisent – à cet égard, l’enlèvement des métis de l’orphelinat de Save renvoie directement le lecteur, sidéré, dans l’univers d’un Russell Banks ((De Russell Banks, lire « American Darling ».)) ou même d’un Jean-Christophe Grangé.

Nous sommes donc les petits-enfants d’une société profondément raciste. Une société qui, il y a à peine quelques générations d’ici, théorisait l’eugénisme sans le moindre complexe. Une société dans laquelle, ni Blancs ni tout à fait Noirs, ni évolués ni complètement primitifs, les mulâtres semblaient constituer, plus qu’une « fragile passerelle entre deux mondes » (Colette Braeckman), une énigme inextricable, aussi bien du point de vue de la bonne vieille morale catholique que sur le plan des connaissances biologiques d’alors. Avec le recul, on aurait envie d’éclater de rire devant l’énormité de la vulgate coloniale, si sa fonction première n’était pas, précisément, d’évacuer l’idée que, derrière ce prêchi-prêcha suranné, il y a des hommes et des femmes – en l’occurrence, beaucoup de femmes, et leur ventre. Il faut relire Césaire. Mais il faut s’attaquer aussi, d’urgence, au « Noirs-Blancs, Métis » d’Assumani Budagwa, pour comprendre combien la conscience s’accommode aisément du processus de chosification de l’autre. Et se souvenir d’où cette mécanique conduit.

abudagwaAssumani Budagwa est né en 1954. Congolais naturalisé Belge, marié à une Belgo-Italienne, ancien de l’Université de Kinshasa et de l’Université Catholique de Louvain, Ingénieur de recherche (TOTAL Raffinage-Chimie), co-fondateur d’Espérance Revivre au Congo (ASBL), s’intéresse à l’histoire controversée des peuples et des révolutions, aux alternatives pour réduire la pauvreté et aux efforts pour la sauvegarde de la dignité humaine.

« Noirs-Blancs, Métis – La Belgique et la ségrégation des Métis du Congo belge et Ruanda-Urundi (1908-1960) », Assumani Budagwa, préface de Colette Braeckman, 2014, 390 p., 25€ – Pour le commander: noirsblancsmetis@gmail.com 

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